Informations France: la liberté at-elle un effet thérapeutique ?

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Avant de désespérer de l’état actuel du monde, vous pouvez toujours acheter une œuvre d’art contemporain pour votre salon. Que diriez-vous d’un tableau Napoléon d’Ai Weiwei composé de briques de Lego, ou d’un canari en cage ou de prêches islamiques enregistré sur K7 audio ? Du 20 au 22 octobre, à Paris+ par Art Basel, les meilleures galeries du monde, mais aussi quelques galeristes émergents exposent au Grand Palais éphémère des œuvres destinées à capter l’air du temps et/ou l’argent des collectionneurs.

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Canari. C’est un peu l’œuvre emblématique reflétant l’état actuel de notre monde. Le petit oiseau jaune est mort, gisant dans sa cage en acier galvanisé sur un tas de papiers de journaux parlant du changement climatique et d’autres crises et cataclysmes. Et les gens passent en haussant les épaules. Dans l’installation réalisée par Mark Dion en 2023, le canari naturalisé joue son rôle funeste, comme jadis les canaris amènent à fond de mine pour alerter sur un environnement devenu mortel. Donc, si notre monde était un canari, il serait déjà trop tard. Tous ceux désireux de prouver leur optimisme peuvent supporter la percutante installation de l’artiste plasticien américain pour 40 000 euros à la galerie In Situ. Pour Ai Weiwei, de toute façon, le monde est à l’envers. À la galerie Neugerriemschneider, l’artiste chinois à posé son Napoléon – une réplique du célèbre geste impérial immortalisé par Jacques-Louis David – la tête en bas, composée de 13 500 briques de Lego. Et le cheval fougueux s’est transformé en zèbre.

Les enjeux de notre époque

Que reste-t-il de nos rêves et des promesses d’antan ? De la fin de la Seconde Guerre mondiale en passant par les événements de Mai-68, la chute du Mur de Berlin jusqu’aux espoirs misés jadis dans l’avènement du XXIe siècle ? À première vue, la deuxième édition de la foire Paris+ par Art Basel s’affiche de nouveau beaucoup plus portée sur le business et beaucoup plus neutre que son précédent, la FIAC. Mais sur les stands, de nombreuses œuvres entrent en dialogue avec les enjeux de notre époque actuelle.

« Soyez réalistes. Demandez l’impossible. » Quels sont aujourd’hui les moyens de résister aux systèmes oppressants ? La galerie Jocelyn Wolff propose pour 8 200 euros un ensemble de douze cadres remplis de bouts de papier de différentes tailles et couleurs sur lesquels des anonymes ont écrit à la main des slogans de protestation. Un hommage de l’artiste tchèque Zbyněk Baladrán à la « révolution » de 1968 et à la méthode subversive des résistants à l’époque de l’Union soviétique de laisser secrètement de petites notes de protestation dans les arrêts de bus ou les théâtres afin de saper la propagande de l’État.

Après chaque guerre, après chaque révolution, tout recommence. Pourquoi les gens ont-ils souvent si peur de la liberté ? Pourquoi avons-nous souvent tant de mal à la gérer ? La liberté est-elle thérapeutique ?La liberté, est-elle thérapeutique ? »), est une phrase en lettres rouges illuminées accrochée sur quatre mètres aux cimaises de la galerie berlinoise Neu pour 55 000 dollars. Une allusion du collectif artistique Claire Fontaine au tiraillement idéologique entre enfermement et libération.

Visiteurs à la foire d'art contemporain Paris+ par Art Basel.
Visiteurs à la foire d’art contemporain Paris+ par Art Basel. © Siegfried Forster / RFI

Des mondes parallèles

La galerie italienne Raffaella Cortese présente une allégorie réussie sur la migration et le vivre ensemble : Camion Bottari – Migrateurs (2023). Sur la photo, éclairée avec une lightbox (120 000 euros), l’artiste coréen Kimsooja présente une scène de sa traversée entre Vitry et Paris mettant en exergue plusieurs lieux liés à la migration en France. Assise sur un tas de baluchons de nomades, les bottaris, la performeuse conduit tranquillement son petit camion et ses histoires sur l’accueil des réfugiés en France à travers les rues de la capitale française.

À la galerie Templon, pendant que l’artiste sénégalais Omar Ba nous confronte avec ses Mondes parallèles (2023) à la limite entre abstraction et figuration, avec un homme s’inclinant au centre, son compatriote Alioune Diagne nous invite à La prière (2023), une scène méditative qui touche par sa simplicité et son humanité.

Doublement touchante est une principale fragile posée sur une porte. Les doigts et le dos de la main trahissent une longue vie derrière eux. Le pastel renforce l’émotion et l’imaginaire provoqués par Karol Palczak. L’artiste polonais immortalise ici à la fois un portrait de sa mère et de la région frontalière polono-ukrainienne, abandonnée, militarisée et secouée par les crises, dans laquelle il vit ici avec sa mère. Une œuvre présentée par la galerie Emalin pour 4 500 euros.

Des pêches radicales d’imams à 230 000 euros

Une scène banale de pique-nique est mise en scène de façon étonnante par Marc Padeu. Sa peinture à l’huile (galerie Peres Projects, 55 000 dollars) montre une réunion familiale, Au repas après le baptême (2023), mais l’aspect insaisissable provient de la proximité de la scène avec des fresques d’églises que l’artiste adore de fréquenter. Et on a presque l’impression que l’artiste camerounais se sert aussi de la palette de couleurs de certains apôtres.

Aussi séduisante qu’effrayante est une grande installation composée de 891 vieilles cassettes audio qui tapissent tout un mur. Aujourd’hui, ces enregistrements de prêches radicales d’imams des années 1980 servent à la fois comme témoins de l’avènement du fondamentalisme de cette époque en réaction à une modernisation et occidentalisation forcée, mais aussi comme un avertissement de ne pas sous-souvenir la dynamique des révolutions technologiques et les extrémismes d’aujourd’hui. Une alerte de l’artiste saoudienne Maha Malluh dont la valeur de l’œuvre est estimée à 230 000 euros par la galerie tunisienne Selma Feriani.

Et alors ? Vous n’avez toujours pas trouvé l’œuvre d’art qui vous convient ? Il vous arrivera certainement un jour de vouloir dire « merci » à quelqu’un. Ça aussi, c’est possible, grâce à Paris+. L’installation Merci de l’artiste visuelle néerlandaise Lily van der Stokker est proposée par la galerie Air de Paris pour 35 000 euros.

Visiteuse devant l'œuvre « Les cercles d'Aké » (2023) de Elladj Lincy Deloumeaux, proposée par la galerie Cécile Fakhoury à la foire d'art contemporain Paris+ par Art Basel.
Visiteuse devant l’œuvre « Les cercles d’Aké » (2023) de Elladj Lincy Deloumeaux, proposée par la galerie Cécile Fakhoury à la foire d’art contemporain Paris+ par Art Basel. © Siegfried Forster / RFI

Du 20 au 22 octobre, Paris+ par Art Basel, au Grand Palais éphémère

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Code de la route/Piétons.,sur ce lien la fiche de présentation. A emprunter en bibliothèque.

La libération de la France, l’Indochine: Souvenirs de guerre d’un 2e classe – 1941-1947.,Lien sur la description . Disponible dans toutes les bonnes bibliothèques de votre département.

Photographie/Sociétés et Organisations/Éditeurs de cartes postales/Henry Cunge.,Références de l’ouvrage. Disponible dans toutes les bonnes bibliothèques de votre département.