Actu française: «On sait qu’il y a une faction d’extrême droite agissante en Irlande»

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Les émeutiers impliqués dans les violences survenues jeudi 23 novembre à Dublin, imputées à l’extrême droite, « font honte à l’Irlande ». Déclaration du Premier ministre Léo Varadkar, après une soirée de heurts avec les forces de l’ordre dans un quartier où vit notamment une population immigrée. Des émeutes inédites par leur envergure de la part d’un groupe dont les idées restent très minoritaires, selon Agnès Maillot, professeure à la Dublin City University.

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Des véhicules ont été incendiés, jeudi à Dublin. Des commerces ont été saccagés et pillés. Des pancartes « Irish Lives Matter » (« Les vies irlandaises comptent »), ainsi que des drapeaux irlandais, ont été brandis.

Trente-quatre personnes ont été arrêtées après ces émeutes, qui ont éclaté dans le sillage d’une attaque au couteau qui a fait cinq blessés, dont trois enfants.

De par leur envergure et leur nature, les faits sont inédits, émanant d’un groupe dont les idées restent très minoritaires. C’est l’analyse d’Agnès Maillot, professeure à la Dublin City University, jointe par Anastasia Becchiodu service international de RFI.

« On sait qu’il y a une faction d’extrême droite agissante en Irlande, surtout depuis février-mars 2022, avec l’arrivée des premiers réfugiés ukrainiens, rappelle-t-elle. Mais je pense qu’on n’avait pas mesuré à quel point ils étaient capables de fédérer. Parallèlement à l’arrivée des Ukrainiens, il y a eu une augmentation des arrivées de demandeurs d’asile d’autres destinations et le discours de l’extrême droite les cible eux particulièrement. C’est évidemment un discours extrêmement raciste – on les considère comme étant coupables d’à peu près tous les maux sociaux que vit le pays ».

« On a vu de premières manifestations très hostiles aux demandeurs d’asile en particulier, il ya à peu près un an, à l’automne 2022. On a vu cette hostilité se manifeste de façon violente comme ça, par des « sit in » devant les centres d’hébergement ou les hôtels qui accueillent des demandeurs d’asile, des manifestations qui sont souvent très virulentes dans les propositions qui sont tenues. Donc effectivement, ce mouvement-là, il existe. Pour l’instant, il était cantonné à une petite minorité agissante », explique Agnès Maillot.

Un aperçu des dégâts, ce vendredi 24 novembre à Dublin, où les transports publics ont notamment été pris pour cible jeudi soir.
Un aperçu des dégâts, ce vendredi 24 novembre à Dublin, où les transports publics ont notamment été pris pour cible jeudi soir. AP-Brian Lawless

Le chef du gouvernement centriste Leo Varadkar a promis d’utiliser « toutes les ressources de la loi, toute la machine de l’État pour punir ceux qui sont impliqués ».

En tant que pays, nous devons récupérer l’Irlande, nous devons la reprendre aux lâches qui se cachent derrière des masques et essayer de nous terrifier par leur violence. Il faut qu’on récupère l’Irlande sur ceux qui, sans scrupules, exploitent les peurs de ceux qui se laissent facilement entraîner dans les ténèbres. Et il faut reprendre l’Irlande aux criminels qui cherchent n’importe quel prétexte pour propager la terreur dans nos rues. En tant que chef du gouvernement, je promets que nous utiliserons toutes les ressources de la loi, toute la machine de l’État pour punir ceux qui sont impliqués dans les événements grotesques d’hier et que nous mettrons en place des mesures pour garantir que toute tentative renouvelée se heurtera à la force de la loi. Le gouvernement protégera sans relâcher nos citoyens et notre population. La police sera présente dans les rues en grand nombre et fera tout ce qu’il faut pour repousser les vagues d’ignorance et de criminalité.

Violences à Dublin : la réaction du Premier ministre Leo Varadkar

RFI

« Pas de parti politique d’extrême droite en Irlande »

Le chef du gouvernement a annoncé que de nouvelles lois sur les crimes de haine seront introduites, alors que les émeutiers ont répondu à l’appel de factions d’extrême droite, qui ont relayé des rumeurs quant à la nationalité de l’assaillant au couteau. , comme présenté algérien.

Leo Varadkar a également salué le courage des passants, eux qui ont maîtrisé le suspect. L’un d’eux serait d’ailleurs un livreur Deliveroo brésilien. « Voilà de vrais héros irlandais, quelle que soit leur nationalité », a-t-il lancé.

Son vice-Premier ministre, Micheal Martin, a souligné que les événements de jeudi ne reflétaient aucunement les valeurs de la « vaste majorité » des Irlandais.

L’extrême droite en Irlande n’a pas de poids électoral, souligne l’universitaire Agnès Maillot : « Ce qui est remarquable en Irlande, c’est que pour l’instant, aucun parti politique n’a embrayé sur ce thème et aucun n’en fait ses choux gras. On n’a pas de parti politique d’extrême droite comme on en a pratiquement partout ailleurs en Europe. Et au contraire, sur un même front commun de la part des principaux partis politiques qui ont un discours qui essaie de modérer ces propositions et qui n’exploitent pas ce sentiment – ​​qui est très peu partagé. »

« Ces personnes qui se mobilisent, c’est un petit groupe de gens qui sont, pour certains, connus des services de police, qui sont un peu toujours les mêmes, qui sont des agitateurs et qui arrivent après à fédérer autour d’eux tout un. tas d’autres gens qui sont là pour tout un tas d’autres raisons. C’est quand même très inquiétant de se dire que l’Irlande, qui a pour l’instant été épargnée contrairement à ses voisins européens par cette extrême droite montante et galopante, est en proie à ce type de difficultés, à ce type d’ affrontements, parce qu’on voit bien malgré tout que ces gens, même s’ils sont très, très minoritaires, ont réussi une partie de leur objectif, c’est-à-dire qu’on parle d’eux, qu’on relayer leur message, etc. », souligne Agnès Maillot

Alors que la ministre de la Justice insiste sur le fait qu’un petit groupe, mal intentionné, a profité de cette terrible tragédie pour faire des ravages, Mary Lou McDonald, chef du Sinn Féin, le parti d’opposition, assure qu’elle n’a pas confiance en Drew Harris, chef de la police irlandaise. Selon elle, il aurait perdu le contrôle de la ville, et depuis plusieurs mois déjà.

Après l’attaque au couteau, qui s’est déroulé en début d’après-midi jeudi près d’une école de la ville, une petite fille de 5 ans reste « dans un état critique », tandis qu’une institutrice demeure pour sa part « dans un état grave », selon la police.

Trente-deux personnes comparaissaient ce vendredi après-midi devant le tribunal pour troubles à l’ordre public et vols.

À relireIrlande : scènes de violences à Dublin à l’initiative de hooligans et de l’extrême droite, selon la police

Bibliographie :

États généraux du multilinguisme dans les outre-mer/Thématiques/Le rôle des langues dans la construction d’une identité commune.,Présentation du livre.

Langue des signes française.,Référence litéraire de cet ouvrage.

Une certaine idée de la France.,Description de l’éditeur. Disponible dans toutes les bonnes de l’éditeurs.